Manipulateur pervers, pervers narcissique… des mots peu connus hier, et que l’on voit partout aujourd’hui. Ces mots me parlent dans la description des histoires vécues. J’y reconnais ce que j’ai pu moi-même vivre et traverser. Et à la fois, ces mots me heurtent, me dérangent. Pour la réalité qu’ils viennent énoncer, mais aussi pour le côté victimisant qui me déplaît, parce qu’ils empêchent d’y voir sa responsabilité et le pouvoir qu’on a abandonné. Quand je dis responsabilité, je vais prendre le temps de m’expliquer. Je me parle pas de responsabilité dans le sens où on l’aurait bien « cherché », comme certains pourraient répondre d’une fille sortie peu vêtue et à l’attitude séductrice qui se serait fait violer. Non, je parle d’une responsabilité intérieure : le pouvoir qu’on a donné à l’autre, et les schémas intérieurs de non-amour et de non-respect de nous qui nous y ont mené. Parce que non, personne ne nous a obligé à rester. Il y avait la peur, peut-être, sûrement, mais surtout bien souvent une dépendance, une cage dorée dans laquelle on s’était nous-même mis, et qui a fini par se refermer, par nous écorcher… et dont on ne trouvait plus la clé : forcément, parce que cette clé on lui avait donné, pour mieux nous rassurer, pour mieux se sentir à lui/elle, aimé(e).

Avant de développer plus sur le sujet, je vous propose un reportage d’Alexandre Cormont sur le sujet intitulé : « L’enfer de la manipulation psychologique ».

Quand je regarde ces images, je me reconnais, je reconnais celle que j’ai été. Je reconnais la souffrance intérieure que j’ai vécu, et celle que je me suis infligée. Cet homme là, je l’ai aimé. Cet homme là, je l’ai vénéré. Je lui ai donné ma vie, mon âme, littéralement, et je ne savais pas pourquoi je le faisais.

Aujourd’hui, je reconnais que ce que je cherchais, c’était à me sentir aimée. Aujourd’hui, je reconnais comme chacun de ces regards, chacun de ces gestes, même les plus petites attentions savaient me rendre la vie, dans cette mort intérieure dans laquelle j’étais depuis longtemps enfermée.

Mais est-ce vraiment lui qui m’avait tué? Ne l’avais-je pas choisi pour tenter de me ranimer? N’était-il pas le seul à me donner l’envie d’être là et éveillée ? Oui, tout ça coexistait. Il était le sens de ma vie, comme celui qui me la retirait. Parce qu’à chacun de ces mots, je lui donnais le pouvoir de l’éteindre ou de la rallumer. Je dépendais de lui, parce qu’il était tout pour moi, le seul qui me donnait envie d’être en vie. Alors  vivante ou morte, je lui donnais tout moi, mon coeur, mon âme. J’acceptais qu’il fasse de moi ce qu’il veut, tant que j’étais avec lui, tant que je me savais aimée de lui.

Et malgré la violence et les cris, malgré les dénigrements, le rejet, les mensonges, les trahisons et les innombrables déceptions, irrémédiablement, je continuais à l’aimer… parce qu’il était mon autre, celui que j’avais choisi d’aimer.

Alors, puis-je lui en vouloir de tout ça ? Avait-il même conscience du mal qu’il me faisait ? Ca, lui seul le sait. A vrai dire, je pense que oui, et que ça aussi, ça le détruisait. Moi je voyais son amour, au delà de toutes ses paroles et de ses faits, peut-être était-ce de la naïveté ou de l’incrédulité, mais c’est ce que je ressentais. Je sentais sa souffrance, son mal-être, son envie de se détruire au plus profond de son être. Et je savais que ce qu’il me faisait, n’était rien à côté de ce que lui s’infligeait. J’y voyais son désespoir, son envie de ne plus perdurer, de ne plus être là, de ne plus exister.

Plus il voulait se détruire, plus il voulait mourir, plus cette vie en moi s’éteignait. Je voulais le sauver. J’en avais besoin, parce que mon moteur de vie, c’était lui. Comment réussir à lâcher prise, à dire aurevoir, à laisser l’autre s’enfoncer, quand tu penses avoir besoin de lui pour exister?

Dans le concept de pervers narcissique, on est souvent dans le triangle victime- bourreau- sauveur. Le pervers étant le bourreau, et celui qui subit alterne entre victime et sauveur. Aujourd’hui je vois comme on a chacun tenu tous ces rôles, l’un pour l’autre. J’étais son bourreau, parce que je le ramenais sans arrêt à ici, à maintenant, à cette conscience d’être en vie, parce que je le mettais face à cette vie qu’il détruisait, parce que je l’accusais de causer ma souffrance et la destruction de notre famille, dans ce « choix » qu’il faisait pour lui, ou qu’il ne pouvait s’empêcher de faire, parce que quelque chose de plus grand l’y poussait.

On était (chacun et ensemble) face à notre colère, notre rage, notre tristesse, notre désespoir, notre culpabilité, notre honte de nous sentir impuissants, face à cette réalité qu’on n’arrivait pas à changer. Il était aussi mon sauveur parce qu’à chaque mot d’espoir, à chaque pardon, à chaque « je t’aime », je me rallumais, comme si rien d’autre n’avait jamais existé. On était chacun victime, non l’un de l’autre, mais de cette vérité qu’on se renvoyait : notre absence de sens à la vie, notre non-envie de vivre, cette agonie intérieure qui rendait chaque instant si absurde, si ce n’était pas pour se sentir aimé.

Dans ce vide intérieur, dans ce vide de sens existentiel, chacun était le révélateur et la bouée de l’autre. A cette envie de mourir cachée au plus profond de nous, à ce désespoir de ne s’être jamais senti vraiment aimé, vibré, chacun est venu offrir un espoir à l’autre, un sens, une direction dans cette errance. Et si se sentir aimé pouvait nous rendre la vie ? Et si ces sensations que tu m’apportes était le vrai sens de la vie, parce qu’avec toi, je me sens enfin vivant(e). Je me sens là, présent(e), en vie. Juste pour ça, merci. Parce que le temps de quelques instants, tu m’as montré la voie de ce que je devais apprendre à toucher en moi, pour moi : cet amour inconditionnel et infini <3 

    Puis forcément, ces moments de grâce passés, on est chacun revenu à soi, à où on en était avant de se rencontrer. Comme le joueur de loto, 18 mois après, retrouve le niveau de bonheur qui était le sien. Ce n’était pas l’amour qui est éphémère, mais ta capacité à me cacher de moi. Tu m’as aidé à l’oublier un instant, le temps de quelques « je t’aime », le temps de quelques danses passionnées, mais rien n’y fait, ce mal-être finit toujours pas me retrouver. 

    Alors chacun commence à s’en vouloir… Tu as arrêté de me faire vibrer, tout redevient comme avant, pourquoi continuer, si tu n’as plus rien à m’apporter? J’étais mieux avant, quand j’arrivais à me cacher cela. Aujourd’hui avec toi face à moi, avec toi qui (par amour) vient me montrer chaque partie de moi blessée, chaque mécanisme que je hais, je n’arrive plus à me cacher de moi. Je t’aime, autant que je te hais.

    Comment faire pour m’en évader? Et comment faire pour fuir si tu es aussi celui qui me maintient debout ? Peut-être que par l’alcool, tu essayais de trouver une autre bouée, trouver la tienne, te et nous libérer de cette dépendance qu’on avait installé pour nous sécuriser. Mais moi, je ne voulais pas d’autres bouée, je ne voulais pas me libérer ! Non, je ne voulais que toi, je voulais être à toi, toute entière. On s’était ensemble enfermé dans une cage, pour ne pas se perdre, pour continuer à se sentir aimé. Mais dans cette cage, chacun s’y débattait, finissant par accuser l’autre de l’y avoir enfermé. Chacun de nous s’offusque alors de ce moi horrible, honteux, répugnant que l’autre lui montre à voir. Je te déteste pour ce moi qui tu me montres sans arrêt, ce moi lâche, faible, fragile et dépéri, ce moi violent, destructeur, suicidaire, prêt à tuer pour tenter de s’échapper. Comment m’en sortir ? et comment rendre son éclat à cet amour tant abîmé ?

    Il y a de l’amour dans ces 2 âmes qui se sont choisis pour se soutenir, pour se détruire, pour s’aimer si fort qu’elles s’amènent au plus profond d’elles-mêmes, dans ces endroits que, sans l’autre, elles n’auraient jamais osé explorer. Parce qu’elles veulent vivre ce lien, elles y vont aveuglément, obstinément, quitte à se brûler les ailes, quitte à y perdre la vie. Parce qu’à quoi bon vivre, si tu n’es pas à mes cotés.

    Certains parlent de dépendance affective, d’autres de relations karmiques : tout ça est faux, comme tout ça est vrai. A chacun de trouver sa vérité, celle qui lui offrera du sens et de la paix. Mais n’oubliez pas de reprendre votre pouvoir, d’aller le récupérer, même 5 ans, 10 ans ou 30 ans après.

    Parce que oui, un jour, vous lui avez donné la clé. Vous vous êtes chacun donné VOTRE clé, et même séparés, on a bien souvent oublié d’aller la récupérer. C’est peut-être ce qui cause ces colères, ces rancœurs qu’on n’arrive pas à apaiser ? On ne l’a pas fait, parce qu’on n’a pas osé. D’un coté paralysé par la peur, toujours présente dans ces mémoires que le corps profondément a ancrées. Elles ont laissé des marques, parce que toutes ces émotions réveillées n’ont pas toutes été intégrées, assimilées. Elles restent prisonnières, comme nous en restons prisonniers. Il faut du temps pour cela, souvent des années. Il s’agit de se reconstruire, mais surtout de se retrouver… et c’est d’autant plus difficile que ce soi à réveiller n’avait jamais osé exister. Il s’était toujours tût, fait discret, cela dès l’enfance, pour ne pas déranger, pour tenter de se faire aimé. Mais à l’époque aussi, cet amour tant attendu, on ne l’avait pas ressenti, trouvé. 

    Alors cette solitude, cette souffrance, je la connaissais. Toi, je t’avais choisi. Avec toi, je pensais la dépasser, la transformer, gardant en moi le souvenir de ces premiers instants magiques partagés, où je m’étais enfin senti aimé(e), exister. A ce moment là, je t’ai donné MA clé, je t’ai donné la responsabilité de ma vie, de mon bien-être, de ma destinée. Et pour m’en montrer l’absurde, et ta révolte intérieure d’en avoir la responsabilité, tu es allé jusqu’au bout, loin dans l’acceptable et dans l’inacceptable, jusqu’à ce qu’une force se réveille en moi, pour enfin se remobiliser, reprendre ma liberté. Merci de m’avoir aimé jusque là, jusqu’à incarner ma plus grande peur, pour m’aider à reprendre mon pouvoir, pour m’aider à me toucher moi, me déployer.

    Aujourd’hui encore, ton âme n’oublie pas, à chaque moment, de me montrer dès qu’une partie de moi attend encore de toi. Tu me renvoies à ma responsabilité, celle de n’avoir aucune attente pour trouver mon équilibre, ma puissance juste, ma souveraineté. Par chacun de tes actes, tu m’apprends à m’affirmer, à me positionner, à dire « non », à ne plus avoir peur de me montrer telle que je suis. Tu viens grossir mes peurs à la loupe, et encore aujourd’hui, à chaque fois, je t’en veux de cette limitation que t’es en train de me montrer. Merci d’accepter de porter le mauvais rôle, pour m’aider à évoluer.

    Alors toi, cet homme que j’ai éperdument aimé, cet homme qui a anéanti en moi tout ce que j’étais, je sais aujourd’hui que grâce à toi, j’ai pu mettre fin à tout ce qui me retenait dans cette petite mort qui nous avait fait nous rencontrer, qui nous avait à l’un l’autre liés. Merci pour cette liberté que tu m’as amené à attraper. Merci pour m’y avoir poussé s’y fortement, parce que oui, sans toi, sans cet amour que j’avais pour toi, sans cette envie que, même séparés, tu fasses parti de notre vie de famille, jamais, au grand jamais, je n’aurai osé à ce point me rencontrer, aller aussi loin dans ces parts de moi qui ne demandaient qu’à mourir et ne plus exister.

    Grâce à toi, je suis morte à cet ancien moi que j’avais façonné dans l’espoir de me sentir aimée, et un nouveau moi renaît. Je me découvre, et je m’ouvre doucement à la vie. Je m’étonne de découvir cette vie dans chaque instant, dans chaque petit moment, dans ces petites choses insignifiantes que je n’avais jamais remarqué. Je te remercie de m’avoir jusque là accompagné, du fond du coeur. Merci pour cette joie et cette liberté retrouvée.

    Aujourd’hui, il est temps de chacun se rendre SA clé. Parce qu’on s’est déjà libéré, parce qu’on a réussi, parce qu’on a su le faire. Il est alors maintenant temps de se dire aurevoir. Chacun s’envole vers d’autres cieux, rencontrer d’autres oiseaux qui sauront l’éclairer, mais non plus sur nos ombres, mais sur nos lumières que l’on veut désormais faire briller. Derrière tout ce noir dans lequel on s’était englué, il y avait aussi toute cette lumière, celle qu’à ces premiers instants partagés, on avait su se révéler.

    Allégé de tout ce noir qu’on a enfin su regarder, on peut désormais s’envoler vers ce « soi », qu’on a chacun rêvé. Nous n’avons plus besoin de l’autre pour le voir, ni pour nous montrer ce qui nous en éloigne. On a compris que les 2 existent en chacun de nous, l’ombre comme la lumière. Merci d’avoir insisté pour me montrer ces parts d’ombre contre lesquelles je luttais, que je refusais de reconnaître en moi. Grâce à toi, avec cette ombre, comme cette lumière, je suis en paix. Chacun vit en moi, en conscience et sérénité.

    Cette clé, pourtant, après des années, on ne l’avait pas encore récupéré, parce qu’un deuil n’est pas fait : celui de ce premier instant d’amour infini, comme suspendu dans le temps, où l’on s’est enfin senti aimé, exister. Cet instant magique aussi puissant que le jour de sa naissance, celui du premier regard, du premier instant, de la première vibration. Pourtant, cet instant qu’on retient encore en nous, on a besoin de le partir, de le laisser nous traverser, comme la colère qui tentait de le retenir, qui refusait de l’abandonner.

    Peut-être qu’on la gardé en nous, parce que la vibration de ce souvenir nous aidait à nous rappeler d’être en vie, de l’importance d’être là, vivant, pour vivre des instants de grâce comme celui là. Mais aujourd’hui, il est temps. Je n’en ai plus besoin. Tu n’en as plus besoin. On est vivant. On n’a plus besoin de garder ça en nous. Tout comme nous n’avons plus besoin de nous vouloir, ou de nous détester pour nous rappeler ce que l’autre nous a pris : cette dévotion amoureuse et cette joie d’être en vie.

    Non, on ne se l’ai pas pris l’un à l’autre, on se l’est rendu, on se l’est offert <3 Parce que même si ce fût la chose la plus difficile qu’on ai eu à faire, on savait au fond de nous que cette clé, que l’on tenait entre nos mains, ne nous appartenait pas, et qu’aucun bonheur n’aurait jamais vraiment de saveur si on n’en prenait pas l’entière responsabilité. Je suis fière de moi, fière de toi, fière de nous.

    Je coupe ce fil, le lien toxique qui nous avait relié et qui encore nous retenait. J’insuffle dans le lien d’âme qui perdure, une énergie d’amour et de guérison… permettant à chacun de se s’envoler vers son propre chemin, vers son épanouissement, son déploiement et sa liberté. Aujourd’hui, toi et moi, on a récupéré notre clé, celui de notre âme, de notre vie, de notre juste puissance : pour enfin Être celui et celle qu’on a toujours été.

    Désolée, Pardon, Merci, Je t’aime <3

    Sortir de sa cage, ce n’est plus attendre que l’autre arrête de vouloir nous y garder… parce que l’autre est justement là pour ne pas le faire, pour vous pousser dans vos retranchements, pour vous apprendre par le faire par vous-même.

    Sortir de sa cage, c’est n’est plus attendre que quelqu’un nous délivre… parce que ce rôle de soutien et de compassion qui faisait du bien, on doit désormais se l’offrir à soi-même. 

    Sortir de sa cage, c’est sortir du rôle de victime dans lequel on s’était enfermé. Sortir de sa cage, c’est surtout réaliser qu’en fait, c’est fini : la porte est déjà ouverte, on n’a plus qu’à sortir et rire de ne l’avoir pas réalisé avant. En te libérant, c’est tout le système toxique que tu libères, ainsi que toutes les personnes et énergies impliquées dans ce processus… visant à te rendre la vie ! <3