La nostalgie.

Ce week-end, j’ai perdu une amie.
Une amie qui me ramène à cette époque où j’étais maman de 2 petits.
Nous étions voisine, avec des enfants du même âge, de prêt et de loin nous partagions nos vies.

La nostalgie m’amenait ce matin à regarder d’anciennes photos.
Cette époque où je n’étais qu’une maman.
Je me rappelle de cette période que je voulais absolument offrir la liberté à mes enfants : qu’ils soient eux même je disais.
J’étais fière de mon courage, d’oser vivre à partir de ce en quoi je croyais.

Mais quelques années après, quand je regarde cette femme que j’étais, je vois la tristesse dans ses yeux.
Je vois comme je m’abandonnais.
Je vois la difficulté que j’avais à gérer mon quotidien.
Je faisais tout pour rester debout, mais j’étais sans arrêt épuisée.

Je vois ma douleur immense de ne pas me sentir soutenue, de ne pas vivre la vie de famille dont j’avais rêvé.
C’est ce qu’ensuite j’ai essayé de « réparer ».

J’étais face à ma tristesse infinie de ne pas vivre l’amour que j’avais tant espéré.
Je me sentais couper de l’amour, comme si par malchance j’en avais été privé.

Je me sentais impuissante.
Tout était trop pour moi, comme si quoiqu’il arrive, je ne pouvais y arriver.
Même par le quotidien, je me sentais dépassée.
L’impuissance correspond à ces mots qui m’ont longtemps collé à la peau.

Le manque de structure que j’évoque parfois dans l’entrepreneuriat, c’est dans ma vie que je l’expérimentais.
Et une part de moi attendait tellement d’être portée.
Cette part revivait dès qu’elle se sentait aimée.
Une part est encore là si j’ose la regarder.

L homme comme dieu.
L homme tout puissant.
Comme si je ne pouvais qu’être à l’arrière plan, m’effacer.
La colère aussi qu’il ne soit pas celui que je voudrais, pour me soutenir, m’aider, m’accompagner à créer cette vie que j’avais rêvée.

C’est drôle car c’est aussi contre cette toute puissance de l’homme/du masculin que je m exprimais : par les choix de vie que je faisais ou au travers des situations que je vivais.

La blessure d’abandon partout dans ma vie s’exprimait. J’en avais conscience mais je n’arrivais pas à m’en dé-enliser.

Seule au plus profond de mon cœur, je me sentais triste, impuissante, déprimée.
Rien ni personne ne comblait ce vide qui me hantait.
Jamais je ne rencontrais cet homme idéal qui m’aurait rendu la vie… chaque rencontre ne ramenant cette résurgence que de façon éphémère.
Sans l’autre, je m’abandonnais. J’avais besoin du soutien de l’homme pour me relever.

Sans doute, parce que mon père lui n’a jamais pris le temps de regarder la personne que j étais. Sans doute parce qu’il n’a pas su regarder mon âme, au delà de ce que lui voulait en tirer.

C’était comme si ma solidité, par moi même, je ne pouvais pas la toucher, la sentir, la laisser me supporter.
J’étais vide de l’intérieur.
Juste tenir debout, prendre soin de mes enfants. C’était le plus que je pouvais.
Au quotidien, c’est aussi beaucoup devant la TV que je m’abandonnais.

Je pleure pour cette amie perdue, et pour cette femme que j’ai été.
Je n’avais pas reconnue sa douleur, celle de ne pas se sentir regardée, reconnue, aimée.

J’ai sans doute sans arrêt couru derrière ça.
Cette sensation d’être regardée, soutenue, aimée.

C’est sans doute cela que j’ai souvent cherché à apporter pour qu’on puisse aussi me le donner. Mais même quand je recevais, rien ne s’imprimait. Je reste à l’intérieur seule et vidée, avec toujours cette sensation de plus donner.

En osant ma première séparation, j’ai commencé à toucher cette force qui en moi aussi existait.
Je commençais à la regarder, à croire en elle, à la considérer.
La colère contre l’injustice m’aidait à rester droite : me défendre pour résister.

C’est aussi ma puissance séductrice que j explorais.
Je réalisais qu’en fin de compte, à cet endroit, c’était moi qui avait le pouvoir, qui décidait.
Dans un schéma de lutte encore, je recommençais à me reconstituer. Je m’offrais ma liberté.

Mais dans cette liberté retrouvée , je continuais à compenser.
Quand l’homme n’était pas là, c’est d amies, de flirts, d’activités que je me remplissais.
Je sais comme c’est d’ici aussi que mes enfants sont nés, et que c’est d’ici que moi aussi je suis née… Pour combler ce vide d’exister.

À cette même époque, la pôle dance m’a étonnement permis de toucher cette puissance jusque dans mon corps.
Je sentais pour la première fois de ma vie que je pouvais compter sur lui, qu’il me soutenait.
Ce sport, mon amie aussi est allée l’expérimenter quand elle est allée s’explorer dans sa féminité.
On avait le même parcours de maman, on se suivait.

Puis petit à petit, j’ai posé des briques. j’ai osé des projets, j’ai osé créer.
Avec en dessous toujours cette mémoire d’impuissance, cette croyance de ne pas pouvoir y arriver.

Avancer malgré tout était comme une façon de me prouver à moi que ce n’était pas une fatalité.
Pas à pas, j’ai franchi mes peurs et mes terreurs.

Et parfois encore, quand la vie me montre ses obstacles et ses douleurs, je retouche cette espace de tristesse et d’impuissance qui m a longtemps accompagné.

Je touche mon vide, qu’en fin de compte j’ai un peu appris à aimer 😉
C’est drôle qu’ aujourd’hui certains me renvoient mon courage et ma positivité 😁

En 2012, premier stage de 10 jours en développement Personnel : je pose cette intention pour moi « je suis une femme confiante, ouverte, courageuse et pleine d amour ».
C’était cette femme que je voulais devenir et incarner.
Pour mes enfants, pour leur montrer la femme que j’étais.
Je décidais donc d’aller la rencontrer !

Aujourd’hui, je me reconnais dans ces mots.
Et à la fois, quand je replonge dans cette époque, dans celle que j’ai été,
Instantanément je retouche à cette douleur profonde, à cette tristesse infinie, à cette impuissance face à la vie.

Je pleure une époque révolue, un moment de ma vie finie, une histoire qui se clôture.
À cette amie partie pour des cieux plus doux.
À cette ancienne moi morte en elle, même si elle était en vie.

Je porte le deuil de ces 2 femmes qui s’en sont allées.
Une époque où la vie était un fil que je n’avais pas choisi, que je ne pouvais que suivre avec fatalité, sans pouvoir la changer.
En même temps que je touche mon impuissance, je choisis la vie.

Cette vie là, personne ne me l’a donnera. Personne ne me l’a prendra.
J’accepte aujourd’hui l’amour et le soutien, sans peur de me fondre et de m’oublier.
Je sais que désormais j’aime avec droiture et dignité, que ce soit pour moi comme l’autre.
Aimer sans s’oublier.
S’aimer parce qu’ensemble on se soutient à être chaque jour plus soi.

Je n’ai plus besoin d’être en lutte pour me mobiliser. Je n’ai plus besoin de m’abandonner pour m’autoriser à m’aimer et à être aimée. Je ne demanderai plus à l’autre de s’oublier.

Je vais continuer à me tenir droite en moi.
Mes fondations sont là, je les sens, je les sais.
Je vais continuer à créer, à croire en moi et à m’autoriser.
Continuer à avancer, à rire, à regarder le beau de la vie… Et à découvrir ce qu’elle a de beau à m’apporter 💖

Je ne choisis pas toujours ce que le vie me propose, mais je sais qu’à chaque instant, je choisis ce que j’en fais.
Je décide que vivre ma vie ne sera plus jamais « trop », plus quelque chose qui viendrait m’épuiser.
Je choisis que la vie est ce qui vient et viendra me recharger.

Pour beaucoup, vivre, avancer, agir est naturel.
Pour moi c’était un combat de chaque instant, un effort de me mobiliser, qui me demandait toujours après de me reposer.
Comme si en moi la vie n’était pas naturellement installée.

Puis j’ai découvert que je me trompais.
Qu’à chaque fois que j’étais moi et alignée, ma joie et mon énergie infinie renaissaient ✨

Alors mon amie, merci de me rappeler de ne plus jamais m’abandonner et de toujours choisir la vie 🙏
On aura tout le temps de se reposer et de se retrouver après 💖💖💖

Puis en fait je ne t’ai pas perdu.
Je sais que d’en haut, tu sauras nous guider ✨

 

Liz Perret