Thich Nhat Hanh, maître boudhiste vietnamien et fondateur du « Village des Pruniers » en Lot-et-Garonne nous livre ses enseignements sur le thème des émotions et de comment prendre soin de son enfant intérieur au travers de cet ouvrage « Prendre soin de l’enfant intérieur » paru en 2016. 

L’auteur commence par nous partager que, selon lui, le meilleur moyen de guérir de sa souffrance est d’accueillir et de prendre soin de ses émotions dans l’instant présent. Cette conscience apportée permettrait au corps et à l’esprit de se soigner tout seul. Lorsque l’on est sous l’emprise d’une émotion forte, il nous conseille de s’arrêter et de se mettre dans l’instant présent, par exemple en respirant, en marchant en conscience…

Il distingue 3 façons de transformer les graines de souffrance en nous :

  • Semer et arroser nos graines de bonheur, ceci permettant une transformation indirecte. Il nous explique alors qu’une personne dont le moral est très bas va d’abord devoir le remonter en cultivant le positif avant d’être en capacité de recontacter ses blessures
  • Gérer sa souffrance et cultiver la pleine conscience en permanence afin de transformer les graines de souffrance qui émergent
  • Prendre soin des afflictions qui nous accompagnent depuis notre enfance et les inviter à monter à notre conscience. C’est ce point qu’il développe dans ce livre.

Il nous enseigne comment aller à la rencontre de nos émotions refoulées et discuter avec elles « comme avec des vieux amis ».

Trop souvent, nous avons tendance à fuir notre souffrance en nous divertissant ou en consommant. Mais en fin de compte, plus on consomme, plus on continue à nourrir cette souffrance ! Il est donc important d’accepter son mal-être pour arrêter de l’alimenter car « rien ne peut survivre sans nourriture, pas même la souffrance ».

L’auteur nous parle de comment guérir notre enfant blessé en le contactant au travers de méditations : l’écouter, lui parler, le rassurer, dialoguer avec lui ou même lui écrire va avoir une action positive sur nos émotions et notre vécu.

Quand on a une émotion forte, il nous invite ainsi à aller contacter où cela nous touche pour laisser émerger l’image de la situation de notre passé à laquelle cette émotion nous renvoie. Il s’agira ensuite de rassurer notre enfant intérieur, et à lui donner les paroles pleines d’amour et de bienveillance dont il aurait eu besoin lors de cet événement.

J’ai noté ces 3 phrases à dire à un autre personne quand on est en colère (il dit qu’on devrait les garder toujours sur soi):

  • « je suis en colère, je souffre et je veux que tu le saches »
  • « je fais de mon mieux pour m’occuper de cette colère » : il convient alors de prendre ce temps de retour à soi pour se mettre en contact avec elle et écouter ce que notre enfant intérieur a à nous dire à ce propos pour ainsi aller chercher les racines de cette colère
  • « stp aide moi dans cette souffrance, j’ai besoin de ton aide » : ici il pointe le fait que bien souvent, on fait l’inverse ! On a tendance à repousser la personne contre qui on est en colère, même si elle n’est pas directement à l’origine de notre mal, elle n’en est que l’élément réactivant.

Il propose aussi de témoigner à l’autre de ces point au travers d’une lettre pour rester le plus juste dans ses mots et réactions : une lettre de réconciliation où on reconnaît aussi la souffrance de l’autre dans cette situation.

Mon seul bémol sur ce livre est sur le passage sur le pardon des parents. Il m’a semblé que le pardon était présenté comme une étape obligée où aller et par laquelle passer. Dans cette partie, il ne reprenait pas l’importance d’aller écouter et rassurer les parties de nous blessées à cet endroit là. En effet selon moi, le pardon n’est bénéfique que si on s’est laissé le temps de l’écoute intérieur et de suffisamment de maturation pour que cet élan de pardon s’éveille en nous. Si cela devient un objectif à atteindre, on prend le risque que l’ouverture ne se fasse pas naturellement et de bloquer certaines étapes de transformation nécessaire, la colère et l’accueil de ses émotions étant une de ces étapes.

Le livre se termine par des témoignages, et je vous en livre un extrait qui je trouve présente bien la pratique proposée par Thich Nhat Hanh: « s’arrêter, respirer et accueillir ce qui se manifeste en nous permet déjà d’initier le processus de transformation en déployant notre capacité à ne plus céder à la peur« . La suite de ce témoignage nous révèle comment contacter son émotion, suivre où elle nous ramène dans notre enfance, dialoguer avec notre enfant intérieur, prendre soin de lui et le rassurer permet de changer son regard sur notre vécu et notre réalité actuel.

Le livre présente ici une démarche de responsabilisation émotionnelle : l’autre n’est pas responsable de mes émotions, il ne fait que réactiver des émotions de mon enfance enfouie. Ainsi si je m’attache à libérer ses émotions, j’en libérerai également mon quotidien et mes relations.

Des méditations sont proposées dans le livre, mais par écrit j’avoue que je ne trouve pas cela très pratique. Cela demande certainement de se les pré-enregistrer et de se les passer par la suite afin de rentrer dans ce travail d’introspection.

Ayant déjà pratiqué des exercices de connexion à mes émotions et à mon enfant intérieur, j’ai fais le parallèle avec plusieurs méthodes que j’ai déjà expérimenté :

  • la méthode TIPI qui invite à se mettre à l’écoute de ce qui se passe dans notre corps quand on a une émotion forte : ceci sans chercher à agir dessus d’une façon ou d’une autre (pas non plus par une respiration comme c’est proposé ici, il s’agit juste d’observer et de laisser faire le processus naturel de notre corps). Cet accueil non directif des émotions permet une libération de l’émotion présente mais aussi des émotions anciennes enfouies et réveillées par cette situation. TIPI est principalement une méthode à utiliser à chaud, sur le moment de l’émotion.
  • le Focusing, où l’on se met à l’écoute de ce qui se passe dans notre corps tout en se montrant attentif aux images et impressions qui remontent en nous. On est observateur de notre processus intérieur physique et psychologique : des images ou des sensations insoupçonnées peuvent apparaître revenant à la source d’une émotion. Cela peut prendre une forme très symbolique. Le Focusing est un processus thérapeutique qui vise à aller libérer nos blocages intérieurs.
  • la Transmutation émotionnelle, proche de la sophrologie, où l’on va aller à la rencontre de notre enfant intérieur et naturellement revenir au déclencheur d’origine d’une de nos réactions. Cela peut se faire à chaud ou à posteriori. Dans cette méthode où l’on se pose également en observateur de nos ressentis, on va aller dialoguer avec notre émotion pour savoir ce qu’elle a nous dire. On peut d’ailleurs lui en demander l’origine, et l’on voit généralement se dessiner une scène de notre enfant. Ici, on ne va pas nous-même rassurer cet enfant intérieur, on va se créer des parents « guéris » idéaux bienveillants et accueillants (les nôtres ou des imaginaires) qui vont le sécuriser, venant ainsi favoriser la transmutation de nos perceptions actuelles.
  • la thérapie psycho-corporelle où l’on va rencontrer et prendre soin de notre enfant intérieur, avec toute la puissance et l’impact d’être accompagné dans ce processus. J’ai au préalable fais plusieurs exercices sur l’enfant intérieur dans des stages, mais le cadre de thérapie m’a permis de l’ancrer en moi avec bien plus de puissance et une meilleure intégration, d’autant plus qu’en parallèle le thérapeute travaille à favoriser la libération corporelle des émotions au travers de massages.
  • la libération quantique, où l’on va se mettre en lien avec cette émotion, écouter ce qu’elle a à nous dire, et se connecter à la Source pour lui demander du soutien en faisant « ce qui est le mieux pour nous » à propos de cette émotion ou situation.

Je vous invite donc à lire ce livre si la méthode de la pleine conscience vous parle et si vous souhaitez en savoir plus sur le thème de l’enfant intérieur. 

Belle lecture et belle journée à vous 🙂