Ma vie est de plus en plus pleine de surprises. Moi qui pensait partir habiter Ă la RĂ©union, mon voyage a Ă©tĂ© annulĂ© (reportĂ© ?) et j’ai continuĂ© la vie d’itinĂ©rante commencĂ© il y a un an… Je m’Ă©tonne de voir que le mouvement s’est installĂ© de lui-mĂȘme, sans que je l’ai programmĂ©. Au dĂ©but, ce n’Ă©tait pas dĂ©cidĂ©, c’Ă©tait plus pour m’adapter Ă mes situations de vie et pour continuer Ă suivre au mon coeur (ou l’univers đ ) souhaitait m’emmener.Â
Devant cet imprĂ©vu, j’ai continuĂ© Ă suivre. ForcĂ©ment, au dĂ©but dĂ©sillusionnĂ©e, dĂ©stabilisĂ©e… Je m’Ă©tais sĂ©parĂ©e de toutes mes affaires en prĂ©vision de ce voyage. Et qu’est ce que je m’Ă©tais sentis libre et lĂ©gĂšre au fur et Ă mesure que ce processus de dĂ©pouillement se faisait ! Tout ça pour rien ? Peut-ĂȘtre pas tant que ça… Peut-ĂȘtre que derriĂšre se tramait des choses que je ne soupçonnais pas. J’attends encore de les voir prendre forme, se dessiner, mais ça m’amuse aussi de sentir, tout en souhaitant garder la surprise du destin qui se crĂ©e en mĂȘme temps qu’il se rĂȘve.
Bref, ça bouge dans ma vie, dans tous les sens du terme. DerniĂšrement, je cherchais oĂč poser nos 3 valises de voyageurs restĂ©s Ă quai. J’enchaĂźnais les visites, jamais vraiment emballĂ©. ForcĂ©ment, mon coeur lui Ă©tait encore sur son rĂȘve d’ĂȘtre au chaud sur une Ăźle… dur de le ramener Ă cette rĂ©alitĂ©.
Et puis il y avait la question de toutes ces affaires que je n’avais plus, dont je m’Ă©tais sĂ©parĂ©… allĂ©gĂ© <3 Fallait-il tout racheter??! Ca me paraissait tellement lourd… Pourquoi remplir mes poches alors que je rĂȘve de m’envoler, de continuer Ă bouger ? Je cherchais un meublĂ© en ville, plus pratique, mais rien ne se prĂ©sentait.
Puis un jour, sous les traits d’une copine du lycĂ©e, l’univers s’est prĂ©sentĂ©. Un jeu de hasard bien entendu, et j’avais une proposition : une maison Ă la campagne, meublĂ©e, avec 3 chambres et un jardin. IntriguĂ©e, je suis allĂ©e voir doucement de quoi il s’agissait. Je rencontre une femme douce et accueillante, qui me prĂ©sente sa maison avec gĂ©nĂ©rositĂ©. Elle habite encore un peu ici, et se dit que ce serait mieux de me dĂ©panner, que ça lui dĂ©gagerait le temps aussi oĂč elle revient pour prendre soin de la maison et des chats. Elle est attachĂ©e Ă cette maison, mais la vie l’amĂšne vers d’autres horizons. Je sens qu’elle a besoin de temps, d’expĂ©rimenter de s’en dĂ©tacher un peu : ma prĂ©sence semble une belle opportunitĂ© de le faire en sĂ©curitĂ© puisque je cherche un logement pour quelques mois.
Lors de la visite, je dĂ©couvre une maison toute Ă©cologique ! Une maison comme j’y pensais il y a de ça plusieurs annĂ©es. Une maison que j’aurais pu imaginer, sauf que dans les faits, jamais je n’aurais osĂ© ! Trop Ă©loignĂ© de ce que je connais. Jardin, toilettes sĂšches avec phyto-Ă©puration, insert, des ficelles pour allumer les interrupteurs, des chats, des poules… Ca fait fait beaucoup de nouveau pour moi, et j’avoue que ça m’effraie ! On visite avec les enfants. Au dĂ©but eux aussi sont un peu interrogĂ©s… Une autre proposition nous ai faĂźtes, plu conforme Ă ce qu’on connaĂźt, en ville, petit budget, mais il faut tout remeubler !! Que va-t-on dĂ©cidĂ© ? Allons nous oser ?
Et oui, on a osĂ© ! Et rien que par tout ce que j’y dĂ©couvre de moi et en moi, je peux dire que c’est un sacrĂ© voyage ! Dans les premiers instants, je me demande quand mĂȘme dans quelle aventure je me suis lancĂ©e ^^ Est-ce que je vais y arriver ?
Pour certains, ça peut sembler pas grand chose. Ils verraient plus d’inquiĂ©tudes Ă partir Ă 10000 km avec leurs enfants, que prendre une maison avec un insert et des toilettes sĂšches đ Mais pour moi, c’est une sacrĂ©e sortie de confort ! Pour ce rĂȘve de voyage, l’enthousiasme me portait et me rassurait. Je savais que je trouverais des solutions, que je saurais des trouver, parce que mĂȘme si je ne l’avais jamais fais lĂ bas, je sais que ça, je sais le faire.
Sauf que « faire » des choses plus concrĂštes comme allumer un feu… J’avoue que ça me panique ! J’Ă©tais dĂ©jĂ en train de m’imaginer pleurer devant Ă me dire que je n’y arriverai jamais ^^ C’est fou cette limitation qui m’a toujours suivi, celle de ne pas savoir faire de mes mains, cette peur de mal faire, qui m’empĂȘche depuis l’enfance de crĂ©er, de donner matiĂšre, de peur de galĂ©rer, d’ĂȘtre jugĂ©e, de ne pas y arriver. Je l’avais dĂ©jĂ conscientisĂ©e cette peur lĂ , mais je n’Ă©tais pas encore allĂ© la confrontĂ©, au delĂ de quelques crĂ©ations faites Ă l’abri des regards.
En fait, tout ça aller chercher au fond de moi dans cette notion de CAPACITĂ.Â
A la fois, avoir cette maison lĂ aujourd’hui me semble tellement logique. Quoi de plus normal que d’expĂ©rimenter un mode de vie plus cohĂ©rent avec mes valeurs « thĂ©oriques ». Il s’agit sĂ»rement de les intĂ©grer, de les faire descendre de mes idĂ©es jusqu’Ă la matiĂšre, et ainsi de voir si et ce qui me parle vraiment dans ces idĂ©aux et aspirations de plus de respect et de vĂ©ritĂ©.
J’ai la plupart de temps vĂ©cu Ă la campagne, mais avec un mode de vie plutĂŽt citadin, bien que trĂšs tournĂ©e vers tout ce qui est nature, bio, Ă©colo… Je dois l’avouer, j’adore mon confort <3 Et Ă la fois, cela fait aussi des annĂ©es que j’observe que ce confort m’enferme dans un Ă©loge de la paresse qui finit par devenir une cage, toute aussi dorĂ©e quâoppressante.
Me voilĂ donc lancĂ©e dans l’expĂ©rience de la vie, de la matiĂšre ! Une expĂ©rience inattendue que je n’avais pas prĂ©-dĂ©terminĂ©e, mais que la vie est venue me prĂ©senter. Quelle surprise, je ne savais pas qu’en choisissant de partir, c’est ça que j’allais rencontrer : ma capacitĂ© Ă m’ancrer, Ă entrer dans la matiĂšre, à interagir avec elle… Pousserais-je la sortie de zone de confort jusqu’Ă faire un potager ? Oui oui, ça aussi ça vous parait anodin??! Bah moi, ça me paralyse, j’ai l’impression que je n’y arriverai jamais, qu’avec moi, ça ne va jamais pousser. Je suis face Ă une Ă©motion, pas Ă©vidente Ă contourner. Encore cette peur de la nature qui revient, et que j’avais dĂ©jĂ identifier. Je sais que j’ai des limites intĂ©rieures Ă repousser si je veux contacter ma juste puissance et ma libertĂ©.
Bref, OpĂ©ration re-mobilisation intĂ©rieure et extĂ©rieure aprĂšs ces derniers mois de dĂ©stabilisation, de dĂ©convenues et de surprises toujours plus inattendues. Une nouvelle expĂ©rience s ouvre Ă nous… sans projet ni horizon dessinĂ©, laissant alors toute la place Ă notre crĂ©ativitĂ©Â đ
Ce qui me plait aussi dans tout ça, c’est qu’en mĂȘme temps que je fais cette expĂ©rience d’ancrage, je garde ce sentiment de libertĂ©. Ici, je suis dans l’expĂ©rimentation, rien n’est enracinĂ©, rien n’est figĂ©, et cela m’aide Ă garder cet alignement en me connectant en mĂȘme temps Ă cette possibilitĂ© de mouvement et au sentiment de libertĂ© qui s’en dĂ©gager. On sera lĂ quelques mois, et je compte bien en profiter, pour me dĂ©couvre sous d’autres aspects jusque lĂ ignorĂ©s.
Pour clĂŽturer cet article, je vous partage un texte que j’ai rĂ©cemment Ă©cris sur le sujet, une bribe de ce nouveau quotidien partagĂ© :Â
 » 5h30, j’entends le chat qui miaule pour me rĂ©veiller. La piĂšce s’est rafraĂźchie… je descends raviver le feu qui s’est rĂ©duit Ă quelques braises. Je rĂ©alise alors quâil va me falloir du temps pour le relancer. J’attrape un plaid, un livre, et fait chauffer de l’eau pour me faire un thĂ© … qui m’aurait dit que je prendrai un jour plaisir dans un moment comme celui lĂ ?
Je repense Ă cette soirĂ©e avec moi Ă chanter. Ă cette fin de soirĂ©e Ă tirer les cartes. Je rencontre ma prĂ©sence que j’ai finalement jusque lĂ peu goĂ»tĂ©e, ou trop rarement, je m’en rends compte aujourdâhui.
Je suis les rĂ©flexions de mon livre du moment (« Transfurfing ») et constate comment mes peurs et mes pensĂ©es ont pu parfois me rapprocher de ce que j’avais redoutĂ©. J’observe et je m’amuse tout autant de me voir aujourdâhui accepter et apprĂ©cier une situation qui hier me rĂ©voltait.
En voyant le feu se raviver, je fais un parallĂšle entre ce feu de bois et celui du couple, du dĂ©sir. J’apprends en observant ce feu, quâil a sa vie propre, son Ă©volution. Je n’ai pas Ă constamment l’entretenir ou le surveiller. Je le nourris, me dĂ©lecte tout naturellement de la chaleur engendrĂ©e, dĂ©guste cette chaleur, et reste attentive au moment oĂč elle baisse pour ĂȘtre en capacitĂ© de sentir Ă quel moment il est temps de le raviver.
Je m’aperçois que mon besoin de me sentir importante et aimĂ©e m’a souvent poussĂ©e Ă attendre que l autre allume et entretienne ce feu. Ou a le faire avec ressentiment ou tristesse, comme la preuve que je n’Ă©tais pas vraiment aimĂ©e. Je rĂ©alise comme j’ai vĂ©cu nĂ©gativement ces moments oĂč le feu s’Ă©tiole et presque disparaĂźt. Pourtant je dĂ©couvre l’excitation de sentir que c’est le moment, quâon l’a suffisamment laissĂ© se refroidir… pour sentir d’autant mieux la chaleur se raviver !
Apprendre Ă aimer ces premiers froids, pour mieux me rĂ©jouir de ce chaud tant aimĂ©. Savoir quâon ne craint rien, quâon danse juste le jeu de la vie, que chaque moment est Ă dĂ©guster. Ăa, c’est carrĂ©ment nouveau pour moi qui aime l’intensitĂ© du feu et le confort de la chaleur, sans interruption et Ă disposition.Â
Une compréhension des cycles s intÚgre en moi. Je touche aussi à ma capacité .
Parce quâĂ dĂ©lĂ©guer, Ă rĂąler de ne pas ĂȘtre suffisamment nourrie ou rĂ©chauffĂ©e, je suis passĂ©e Ă cĂŽtĂ© du fait que j’en avais la capacitĂ©. DerriĂšre tout ça, mon enfant intĂ©rieur s’en empĂȘchait, parce que ce dont il avait le plus besoin lui, c’Ă©tait de se sentir aimĂ©, et c’Ă©tait comme ça quâil le recevait.
Aujourdâhui, la vie me pousse Ă prendre soin de mes besoins Ă moi, dans des aspects plus matĂ©riels et concrets, et j’en dĂ©couvre ma capacitĂ©. Ăa pourrait sembler anodin et pourtant pour moi ça ne l’est pas. JE SUIS CAPABLE, maintenant je le sais.
Oui, se tapissait aussi dans l ombre la croyance de ne pas y arriver !
Je me sens entrer dans cette matĂ©rialitĂ© qui m’a toujours effrayĂ©. Alors dĂ©sormais, quand le moment sera donnĂ© de rallumer ce feu, quâil soit de bois, Ă©nergĂ©tique, relationnel, amoureux, sexuel ou financier, je me rĂ©jouirai de l’occasion qui m’est donnĂ©e. Je prĂ©parerai les conditions les plus douces ou les plus excitantes pour moi… suivant l’envie du moment, et je viendrai le rallumer, juste parce que c’est le moment. Parce quâaprĂšs avoir rĂ©coltĂ© et laissĂ© se reposer, il est temps de re-semer đ
Accepter et suivre le mouvement de la vie, tout simplement…
Et puis si tu te rĂ©veilles aussi, par cette tempĂ©rature qui faiblit, je serai heureuse de partager ce moment avec toi, blottis l’un contre l autre, rapprochĂ© par ce rafraĂźchissement et cette mĂȘme envie de se rĂ©chauffer. On pourra alors partager ensemble ce plaid et ce thĂ©Â â€ïž
La vie est lĂ en moi, au creux de moi, prĂȘte Ă se rĂ©veiller, comme ce feu qui s’Ă©tait rĂ©duit Ă quelques braises et qui dĂ©sormais s’est rallumĂ©… Non, que j’ai su rallumer !
N’attends pas que le feu soit Ă©teint, prends soin de ce feu intĂ©rieur qui brĂ»le en toi, observe le, rencontre le, danse avec lui. Parce quâune fois Ă©teint, c’est plus dur Ă rallumer… Parce que c’est ici, dans ce feu lĂ qui se vit dans l’instant, que se cachent ta joie et ton Ă©lan de vie đđđ«Â »