C’EST QUOI L’EDUCATION POSITIVE ?

On entend de plus en plus parler de maternage, d’éducation bienveillante, d’éducation positive, de parentalité ludique, de slow éducation, d’éducation consciente… Ces termes proches ont en commun cette même volonté d’accueillir l’enfant dans ce qu’il est, de le comprendre et de parler son langage pour faciliter une communication et une relation respectueuse pour tous. Il existe pourtant des différences entre chacune d’entre elles.

Je vous propose aujourd’hui, dans la vidéo ci-dessous, un éclairage pour distinguer les nuances entre éducation bienveillante et éducation positive. Mon intention n’est pas de mettre ces deux courants en opposition. Il s’agit plutôt de vous donner des informations pour vous aider à construire  votre propre modèle parental : celui qui sera adapté à qui vous êtes et à qui sont vos enfants.

On voit de plus en plus souvent le terme d’Education bienveillante et positive côte à côte, mais est ce vraiment la même chose?

Il y a 10 ans, quand je suis devenue maman, on parlait d’Education Non Violente. Elle était associée au concept du maternage qui s’appuie la théorie de l’attachement (déjà évoqué dans mon article : C’est quoi l’éducation bienveillante?). Il vise a répondre au maximum aux besoins fondamentaux du nourrisson, notamment ceux de proximité physique, de respect du rythme personnel de l’enfant et de libre développement. Si le concept Education Non Violente (aujourd’hui renommée plus positivement en éducation bienveilante) s’étend à toute l’enfance, le second se spécifie sur les premières années de l’enfant. Ces deux visions semblent ainsi se répondre et se compléter. Mais dans les deux cas, le parent accepte en conscience son rôle de socle de sécurité vers lequel l’enfant va se tourner, pour trouver du réconfort quand il en a besoin, ceci afin de progressivement développer une autonomie naturelle et sa confiance en lui.

Depuis quelques années, cette formule écucative se démocratise… et en même temps, on a pu voir se développer le concept d’Education Positive. On les voit d’ailleurs de plus en plus souvent cote à coté. Il en est de même pour les pédogogies jusqu’alors dites « alternatives » qui ont été renommées pédagogies « positives ». Mais est-ce simplement un nouveau nom plus adapté aux goûts du jour, ou une nouvelle forme d’éducation?

Afin de faire le point sur cette question, je vais m’attacher à vous présenter les principes et outils de l’éducation positive :

1. FORMULER DES DEMANDES CLAIRES ET EXPLICITES

L’éducation positive rejoint l’Education bienveillante par sa volonté de créer une façon de respectueuse communiquer avec son enfant. Elle est dite positive car elle laisse de coté toutes les formulations d’interdits, de punitions, de chantages, de culpabilisations ou toutes autres formes de pressions ou menaces habituellement véhiculés dans l’éducation traditionnelle.

En effet, ces dernières sont reçues par l’enfant avec un sentiment de violence et de non respect de lui-même. Cela a pour conséquence de lui apprendre à se soumettre à des demandes extérieures sans s’écouter lui-même, par sentiment d’obligation ou par peur de perdre l’amour de l’autre. Cela peut aussi l’inciter, par besoin de protection de son intégrité, à se poser en opposition ou en réaction violente face à toute forme d’autorité extérieure.

Il va donc s’agir de les remplacer par des invitations positives et motivantes pour l’enfant.

On sait d’ailleurs aujourd’hui que le cerveau ne comprend pas la formulation négative. Ainsi en disant « ne traverse pas » à un enfant, ce dernier entend en premier « traverse », ce qui ici peut fortement le mettre en danger. C’est un peu comme si je vous demandais de ne pas penser à un éléphant, instinctivement vous visualisez ou pensez à un éléphant! Au quotidien, ce genre de quiproquo peut donner au parent l’impression que son enfant ne l’écoute pas, ou le provoque en agissant à l’inverse de ce qu’il lui a demandé.

Le parent va plutôt énoncer des demandes claires, courtes de préférence, et explicatives sur le comportement attentu. Par exemple: « Stop. Le bonhomme est rouge. Quand il sera vert, on pourra traverser ».

De la même façon quand on dit à un enfant « calme-toi » sans lui donner d’indication précise sur ce qu’on attend de lui, ni sur comment y parvenir, on peut vite arriver à des situations d’incompréhensions. Une demande claire et explicite pourrait être : « Dans une salle d’attente, on parle doucement et se déplace sans bruit ». Cela passe aussi par prévenir à l’avance des attitudes demandées dans des situations anticipées comme potentiellement problématiques: « Je reçois la visite d’une amie cet après-midi. Si tu as besoin de moi, viens mettre ta main sur mon bras, je t’écouterai dès que moi ou mon amie aura fini son explication ».

2. COMMUNIQUER PAR LE JEU

Pour communiquer avec son enfant, le parent va privilégier le ton du jeu, qui est le langage naturel de l’enfant. Parler son langage va faciliter son écoute et sa compréhension, mais aussi sa motivation, sa participation et son enthousiasme.

Le courant de l’Education bienveillante avait déjà bien saisi l’importance du jeu pour le développement moteur et affectif de l’enfant, ainsi que les bienfaits des jeux de coopératifs sur la capacité de coopération de l’enfant. Cependant, l’Education positive se caractérise par la place de choix qu’elle accorde au jeu et à la notion de relation « ludique ».

En effet, le jeu partagé avec le parent est reçu par l’enfant comme un moment privilégié, où on lui témoigne véritablement de l’intérêt pour qui il est. Ceci est d’autant plus vrai quand c’est l’enfant qui choisit et guide le jeu, car il ressent à ce moment là qu’on le prend vraiment en compte et qu’on lui fait confiance.

On sait aujourd’hui que le jeu libre va permettre à l’enfant de rejouer des situations de sa vie et de prendre du recul dessus, en expérimentant d’autres façons d’appréhender les choses. Il va aussi se faire le support indirect d’expression des préoccupations et des sentiments qui l’habitent, et offrant au parent une meilleure lecture de ce que vit son enfant. Ca peut être pour nous l’occasion d’en savoir plus sur ses relations à l’école par exemple, et pour lui l’occasion de tester différentes formes de résolutions de conflit.

Libre ou encadré, le jeu va lui permettre de développer ses compétences motrices, intellectuelles et sociales. Il va aussi remplir le réservoir affectif de l’enfant, rétablir un lien parfois distendu par l’absence de la journée ou des contrariétés, favoriser des relations familiales plus harmonieuses et soudées, et permettre aux enfants de décharger des tensions accumulées, de la même façon qu’ils l’auraient fait avec des crises de colères ou de pleurs (par exemple avec des jeux invitant au défoulement comme jouer à la bagarre par exemple).

Dans l’éducation positive, le jeu va egalement se faire support d’apprentissage pour appréhender des situations « problématiques » sous une approche plus ludique. On connait par exemple, le traditionnel jeu de l’avion pour faire manger un enfant en s’amusant.

De plus, dans les jeux « hors contexte », parent et enfant pourront rejouer des situations et des comportements en les éxagérant sous le ton du jeu (en jouant une méchante mais amusante maitresse par exemple), ou en inversant les rôles parents- enfants (par exemple le parent joue à l’enfant qui ne veut pas aller se coucher). L’objectif est de favoriser une prise de recul et un ressenti plus positif vis à vis de la situation.

Enfin, cette éducation fait une part belle au rire dont on sait aujourd’hui tous les bienfaits sur la santé physique et psychique. Elle va apporter aux petits comme aux grands un sentiment de bien-être, de détente, mais aussi de complicité et d’intimité familiale

3. DEVENIR LE COACH DE SON ENFANT

Transmettre des outils et ressources

L’éducation positive reprend le principe de respect de l’individualité l’enfant, mais aussi celui d’accueil de ses émotions. Elle vient cependant la compléter par de nouveaux outils empruntés au développement personnel et longtemps réservés aux adultes.

Tel un coach, le parent va au besoin piocher dans des techniques, qu’il utilise peut-être déjà pour lui-même, mais cette fois revisitées sous une forme plus ludique. On peut prendre l’exemple du yoga, de la relaxation, de la sophrologie, de la méditation, ou encore de l’EFT qui vise à réguler l’intensité des émotions, ou de la PNL qui a pour objectif à modifier des comportements ou croyances limitantes.

Cela va favoriser chez l’enfant une meilleure connaissance de lui-même et un meilleur un équilibre émotionnel.

Pour l’exemple de tout à l’heure où le parent souhaite que son enfant ait un comportement plus calme, il va pouvoir compléter sa demande claire par des ressources et outils venant l’aider à y parvenir. Il pourra alors lui proposer un exercice pour extérioriser son énergie (en criant, en chantant, en bougeant, en riant ou simplement en jouant) ou encore lui permettre de se connecter à une énergie plus calme (par des exercices de respiration ou de visualisation par exemple).

Porter son attention sur ce qui fonctionne

Une autre chose plus mis en avant par l’éducation positive est la valorisation des sentiments agréables et des réussites, propre à la Psychologie positive. Son appellation en est sans doute d’ailleurs inspirée. Cet accompagnement a pour but d’aider l’enfant à consolider son sentiment de confiance en lui et à révéler le meilleur de lui-même.

J’ai beaucoup écouté les colères et frustrations de mes enfants. Mais c’est justement en découvrant la psychologie positive que j’ai réalisé que l’expression de leurs émotions désagréables prenait beaucoup de place dans notre communication. Sans remettre en question la nécessité de les écouter dans leurs difficultés, je réalisais que l’expression des joies, des plaisirs et des réussites était tout aussi importante pour leur épanouissement. J’apprenais même qu’elle le favorisait, car l’habitude de porter son attention sur le positif crée progressivement dans le cerveau une nouvelle façon de fonctionner et de voir le monde.

En effet, l’expression des joies, des plaisirs et des réussites est tout aussi importante que l’expression de ses difficultés pour l’épanouissement de l’enfant. L’écoute et le partage des petits et des grands bonheurs de la vie permet à l’enfant de mieux les ancrer et de les intégrer pleinement. Cela lui amène aussi une meilleure connaissance de lui-même et une meilleure vision de ses forces et de ses talents.

La psychologie positive développée par Martin Seligman est une science humaine qui étudie les conditions du bonheur et le bien-être en général. Ce psychologue et chercheur américain, spécialisé dans la dépression a pris le parti pris de ne pas suivre la psychologie traditionnelle, qui analyse les différentes formes de mal-être et maladies mentales, afin d’y trouver des remèdes. A l’inverse, il a étudié des personnes, des groupes et des institutions qui fonctionnait bien pour découvrir ce qu’elles mettaient en place pour y parvenir, afin d’en déduire des règles et des généralités applicables à tous.

L’éducation positive semble portée par cette volonté de rechercher des méthodes efficaces pour développer le bien-être de l’enfant, de l’adulte qui va devenir, et de sa famille. Elle s’appuie elle aussi sur des recherches et des observations scientifiques !

Voici les outils que j’ai déjà partagé sur ce blog : Comment inviter la psychologie positive dans sa famille ? , Petits rituels de nouvel an en famille , Votre enfant ne veut pas dormir ? J’ai une astuce !

4. DES CONCEPTIONS COMPLEMENTAIRES

L’éducation bienveillante et l’éducation positive semblent se répondre, la seconde étant venu compléter la première de nouveaux outils. Cependant, on peut tout de même les considérer comme deux formes d’éducation distinctes.

En effet, on peut pratiquer l’éducation bienveillante, sans aller puiser dans les outils de l’éducation positive, en se concentrant sur des qualités d’écoute et de présence. A elles seules, elles vont déjà permettre à l’enfant de développer sa confiance, sa sécurité intérieure et lui transmettre des bases de relations saines.

On peut aussi pratiquer l’éducation positive sans adopter les principes du maternage, ou sans avoir la volonté de remettre en question nos règles éducatives (souvent entièrement remises en question dans l’éducation bienveillante! ). Ici il s’agirait surtout d’aller piocher des outils ludiques pour apporter plus de légèreté dans son quotidien.

En pratiquant l’éducation positive de cette façon, le positionnement de l’adulte se verrait alors différencié puisque le premier parent (« bienveillant ») serait plus un accompagnant des compétences propres et naturelles de son enfant, alors que le second (« positif ») serait plus un éducateur venant lui apporter des outils et connaissances que lui considère comme utiles et nécessaires à l’enfant.

De mon point de vue, les deux visions gagnent à être complétées l’une par l’autre… ceci sans perdre de vue que c’est l’enfant qui reste l’acteur et le moteur principal de son développement et de ses apprentissages.

Pour finir, je vous partage un article que j’ai écris pour le Webmagazine « De coeur à Soi »… je vous y partage plusieurs outils qui pourraient vous être utiles 😉 Invitez la psychologie positive dans votre famille !